espagnol pierre irrégulière. Il désigne un mouvement
artistique dominant pendant près de deux siècles,
accompagnant les principales évolutions religieuses et
politiques de 1580 à 1780 en Europe surtout, mais aussi dans
le monde.
Cet art lié à la réaction religieuse de la Réforme catholique, a
pour fondement la volonté du concile de Trente de
réhabiliter les images (remises en cause par les protestants)
en suscitant un art qui s’adresse à la sensibilité plutôt qu’à la
raison. Il inscrit aussi ses racines dans l’art caravagesque du
tournant des années 1600, novateur par le réalisme de ses
sujets et de ses figures, l’utilisation des contrastes d’ombre et
de lumière qui noient les contours des corps et des objets.
Le baroque se développe déjà dans les pays catholiques :
l’Italie en est le point de départ puis le monde hispanique,
les Pays-Bas espagnols, l’Autriche et la Bavière, l’Amérique
latine sous l’impulsion des jésuites. Mais il faut se garder
d’assimiler baroque et régions catholiques : la France
catholique résiste au baroque et ses rois puissants préfèrent
l’ordre classique qui magnifie leur pouvoir ; les pays
protestants – la Hollande de Rembrandt – sont nettement
influencés par le style baroque.
L’opposition entre baroque et classicisme n’est donc pas
toujours facile à observer car on peut retrouver des
caractères des deux styles dans les mêmes œuvres. Les
historiens étrangers nomment d’ailleurs « baroque français »
notre classicisme et le tableau de Jouvenet du musée des
Beaux-arts de Reims est l’œuvre d’un peintre formé par les
artistes classiques, Poussin et Le Brun, bien qu’elle soit
« baroquisante ».
Notons que le style rocaille ou rococo, inventé à la cour de
Louis XV et issu de l’art baroque, envahit toutes les cours
princières au XVIII° siècle.
Les caractéristiques
des Etats et s’inscrit dans un urbanisme sans précédent : les
villes de Rome, Paris, Versailles, Londres sont remodelées
en fonction d’une symbolique précise ; les places, les palais
et les églises traduisent un idéal de persuasion religieuse et
de puissance politique. Le baroque s’attache donc
initialement à l’architecture (le Bernin, Borromini) puis
s’applique à la peinture, la sculpture, la littérature, la
musique.
Techniques et supports
La peinture murale et particulièrement la peinture de plafond
exécutée à fresque dominent le style baroque. L’œuvre aux
dimensions considérables est généralement inscrite dans un
riche écrin plastique où se combinent stucs et sculptures aux
dimensions souvent exagérées. La peinture sur toile est un
décor, principalement d’église, qui doit être vu de loin par
des fidèles nombreux.
Les thèmes
La peinture baroque est essentiellement religieuse, son
iconographie a été fixée par le concile de Trente : la Vierge,
les anges, la vie de saints, et les héros récents de l’Eglise
catholique y sont célébrées. La tendance est à la théâtralité
afin de surprendre et émouvoir les fidèles : apothéoses,
enlèvements de saints par des anges dans les nuées célestes,
extase (Sainte Thérèse).
Mais on trouve aussi des scènes mythologiques, allégories
qui autorisent les représentations de nus.
Plus rares, les scènes de genre sont présentes essentiellement
dans la peinture du Nord (voir Rubens, La Kermesse).
La composition, le dessin, la couleur, la touche
Le peintre baroque ne fait pas du dessin l’élément essentiel
de ses compositions, figures et objets n’ont pas les contours
nets qu’ils possèdent dans la peinture classique. Les formes
s’enchaînent, le regard n’est plus conduit par le jeu rationnel
d’une perspective linéaire, il est retenu par les éléments
tactiles et chromatiques qui structurent la peinture (touche,
effets de lumière changeante et dramatique, rendus des
matières, carnations, draperies…).
La profondeur est crée plutôt par des lignes diagonales dans
lesquelles le regard s’enfonce. La composition est ouverte et
n’est pas forcément bâtie selon une symétrie haut / bas ou
droite / gauche et renonce à souligner par la distribution des
formes la proximité des bords du tableau. L’utilisation de
diagonales, de spirales et de courbes imposent une idée de
mouvement plutôt que de stabilité.
L’œuvre baroque est conçue comme un tout unitaire : « la
partie est subordonnée au tout, sans qu’elle renonce pour
cela à exister en soi » (Wölfflin). Il est souvent difficile
d’isoler un motif tant les formes s’interpénètrent. Avec des
formes ainsi fondues les unes dans les autres, la peinture
baroque est souvent moins lisible que la peinture classique.
Les figures baroques sont rarement intégralement nues
comme l’indique le concile de Trente, sauf chez Rubens.
La volonté de dramatisation héritée du caravagisme conduit
les peintres baroques à préférer le dynamisme à la pose. Les
figures accomplissent souvent des mouvements violents que
le pinceau suspend brusquement (comme dans un arrêt sur
image). L'artifice de ces attitudes suscite émotion du
spectateur ce qui est le but du peintre baroque.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire