vendredi 17 décembre 2010

L'art baroque

Le mot baroque qui vient sans doute de barrueco  signifie en 
espagnol pierre irrégulière. Il désigne un mouvement 
artistique dominant pendant près de deux siècles, 
accompagnant les principales évolutions religieuses et 
politiques de 1580 à 1780 en Europe surtout, mais aussi dans 
le monde. 
Cet art lié à la réaction religieuse de la Réforme catholique, a 
pour fondement la volonté du  concile de Trente de 
réhabiliter les images (remises en cause par les protestants) 
en suscitant un art qui s’adresse à la sensibilité plutôt qu’à la 
raison. Il inscrit aussi ses racines dans l’art caravagesque du 
tournant des années 1600, novateur par le réalisme de ses 
sujets et de ses figures, l’utilisation des contrastes d’ombre et 
de lumière  qui noient les contours des corps et des objets.  
Le baroque se développe déjà dans les pays catholiques : 
l’Italie en est le point de départ  puis le monde hispanique, 
les Pays-Bas espagnols, l’Autriche et la Bavière, l’Amérique 
latine sous l’impulsion des jésuites. Mais il faut se garder 
d’assimiler baroque et régions catholiques : la France 
catholique résiste au baroque et ses rois puissants préfèrent 
l’ordre classique qui magnifie leur pouvoir ; les pays 
protestants – la Hollande de Rembrandt – sont nettement 
influencés par le style baroque.  
L’opposition entre baroque et classicisme n’est donc pas 
toujours facile à observer car on peut retrouver des 
caractères des deux styles dans les mêmes œuvres. Les 
historiens étrangers nomment d’ailleurs « baroque français » 
notre classicisme et le tableau de Jouvenet du musée des 
Beaux-arts de Reims est l’œuvre d’un peintre formé par les 
artistes classiques, Poussin et Le Brun, bien qu’elle soit 
« baroquisante ». 
Notons que le style rocaille ou  rococo, inventé à la cour de 
Louis XV et issu de l’art baroque, envahit toutes les cours 
princières au XVIII° siècle. 


Les caractéristiques 
L’art baroque naît dans le contexte de l’essor des villes et 
des Etats et s’inscrit dans un urbanisme sans précédent : les 
villes de Rome, Paris, Versailles, Londres sont remodelées 
en fonction d’une symbolique précise ; les places, les palais 
et les églises traduisent un idéal de persuasion religieuse et 
de puissance politique. Le baroque s’attache donc 
initialement à l’architecture (le Bernin, Borromini) puis 
s’applique à la peinture, la sculpture, la littérature, la 
musique. 

Techniques et supports 
La peinture murale et particulièrement la peinture de plafond 
exécutée à fresque dominent le style baroque. L’œuvre aux 
dimensions considérables est généralement inscrite dans un 
riche écrin plastique où se combinent stucs et sculptures aux     


dimensions souvent exagérées. La peinture sur toile est un 
décor, principalement d’église, qui doit être vu de loin par 
des fidèles nombreux. 


Les thèmes 
La peinture baroque est essentiellement religieuse, son 
iconographie a été fixée par le concile de Trente : la Vierge, 
les anges, la vie de saints, et les héros récents de l’Eglise 
catholique y sont célébrées. La tendance est à la théâtralité 
afin de surprendre et émouvoir les fidèles : apothéoses, 
enlèvements de saints par des anges dans les nuées célestes, 
extase (Sainte Thérèse). 
Mais on trouve aussi des scènes mythologiques, allégories 
qui autorisent les représentations de nus. 
Plus rares, les scènes de genre sont présentes essentiellement 
dans la peinture du Nord (voir Rubens, La Kermesse).


La composition, le dessin, la couleur, la touche 
Le peintre baroque ne fait pas du dessin l’élément essentiel 
de ses compositions, figures et objets n’ont pas les contours 
nets qu’ils possèdent dans la peinture classique. Les formes 
s’enchaînent, le regard n’est plus conduit par le jeu rationnel 
d’une perspective linéaire, il est retenu par les éléments 
tactiles et chromatiques qui structurent la peinture (touche, 
effets de lumière changeante et dramatique, rendus des 
matières, carnations, draperies…). 
La profondeur est crée plutôt par des lignes diagonales dans 
lesquelles le regard s’enfonce. La composition est ouverte et 
n’est pas forcément bâtie selon une symétrie haut / bas ou 
droite / gauche et renonce à souligner par la distribution des 
formes la proximité des bords du tableau. L’utilisation de 
diagonales, de spirales et de courbes imposent une idée de 
mouvement plutôt que de stabilité. 
L’œuvre baroque est conçue comme un tout unitaire : « la 
partie est subordonnée au tout, sans qu’elle renonce pour 
cela à exister en soi » (Wölfflin). Il est souvent difficile 
d’isoler un motif tant les formes s’interpénètrent. Avec des 
formes ainsi fondues les unes dans les autres, la peinture 
baroque est souvent moins lisible que la peinture classique.  
Les figures baroques sont rarement intégralement nues 
comme l’indique le concile de Trente, sauf chez Rubens. 
La volonté de dramatisation héritée du caravagisme conduit 
les peintres baroques à préférer le dynamisme à la pose. Les 
figures accomplissent souvent des mouvements violents que 
le pinceau suspend brusquement (comme dans un arrêt sur 
image). L'artifice de ces attitudes suscite émotion du 
spectateur ce qui est le but du peintre baroque. 





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